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Justice de paix : l’incendie du Chuzeau

Les archives des justices de paix peuvent s’avérer riches en renseignements pour qui voudrait découvrir la vie de ses ancêtres. Cette justice, qui exista dans chaque canton jusqu’à la fin des années 50, avait une fonction première de conciliation afin d’éviter les charges d’éventuels procès. Les justices de paix étaient donc au plus proche de la vie de nos ancêtres, puisqu’elles devaient régler les litiges et les petits délits de la vie quotidienne. Il est possible également de retrouver dans ces archives des déclarations de pertes dues à des calamités agricoles, épizootiques ou à des incendies.

Victor Jules Duc-Dodon, juge de paix du canton de La Côte-Saint-André (Isère), ainsi que son greffier, Joseph Carcel, eurent à rédiger pas moins de neuf déclarations entre le 28 novembre 1882 et le 2 décembre suivant. Toutes avaient pour cause un départ de feu, survenu le 27 novembre en début d’après midi, dans la maison de Nicolas Mange située au faubourg du Chuzeau. Malgré les secours des voisins, le feu réussit à se propager rapidement à de nombreuses maisons contigües. Ce violent incendie dura près de deux heures et finit par être maitrisé par les pompiers de la ville, venus renforcer les habitants.

« La liste des victimes :
1° Jean Joseph Brunaz, cultivateur, qui travaillait dans le jardin de monsieur Guttin au moment du sinistre : sa maison et son mobilier furent entièrement détruits. Pertes évaluées à 8 600 francs.
2° Pierre Buyat, épicier, qui dînait chez lui lorsque l’incendie éclata : la toiture de sa maison, une grande partie de son mobilier et de ses marchandises furent avariés. Pertes estimées à 1 200 francs.
3° Jean-Baptiste Guillon, propriétaire, qui était employé chez monsieur Rocher au moment de l’incendie : sa maison et ses effets mobiliers furent détruits. Pertes estimées à 5 300 francs.
4° Joseph Armanet, propriétaire, travaillait alors dans la remise de monsieur Rocher : sa maison et son mobilier furent détruits, à l’exception de quelques objets qui ont été sauvés mais avariés. Pertes estimées à 3 700 francs.
5° Jean-Baptiste Boyet, cultivateur, qui était dans la plaine lors de l’incendie : le feu a détruit une partie des toitures de sa maison d’habitation et de son bâtiment d’exploitation, endommagé de nombreux meubles qui y étaient renfermés et dont certains furent entièrement détruits. Les pertes sont évaluées à 2 600 francs.
6° Joseph Mange, propriétaire et cultivateur : les bâtiments d’habitation et d’exploitation de son père, Nicolas Mange, furent entièrement détruits, ainsi que tous les objets qu’ils renfermaient. Les pertes sont estimées à 1 330 francs.
7° Joseph Duc-Bourru, garde champêtre de la commune de La Côte-Saint-André : pour maîtriser l’incendie, déjà propagé à diverses maisons et qui menaçait d’en envelopper encore plus, les habitants qui avaient accourus avec empressement sur les lieux, décidèrent de monter sur la toiture de sa maison, afin de briser des tuiles et d’en abattre la cheminée. Les pertes sont estimées à 60 francs.
8° Pierre Hugonin, ancien facteur, mandataire de sa sœur Marguerite Hugonin, rentière domiciliée à Voiron : la maison de sa sœur fut entièrement détruite, ainsi que le mobilier qu’elle renfermait. Les pertes sont évaluées à 2 000 francs.
9° Nicolas Mange, propriétaire et cultivateur, venant compléter la déclaration précédente de son fils : le feu a entièrement détruit sa maison d’habitation et ses bâtiments d’exploitation, ainsi que tous les effets mobiliers, outils d’agriculture, provisions de ménage, vins et autres denrées qui y étaient renfermés. Les pertes sont évaluées à 6 500 francs. Il ajoute qu’étant à travailler dans la plaine, depuis sept heures du matin, il ne saurait indiquer les causes de cet incendie que rien ne laissait envisager. »

Source :
– Archives départementales de l’Isère – Fonds de la justice de paix du canton de La Côte-Saint-André

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